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Articles et réflexions sur la prospective stratégique.
De la créativité à l'imagination - Pourquoi Mycelium Creative Studio est devenu Mycelium Foresight Studio
Quand j’ai commencé à structurer mes activités en prospective j’ai fondé une société. Elle s’est d’abord appelée Mycelium Creative Studio. J’ai expliqué dans divers posts le pourquoi du mycelium. La métaphore reste valide après plusieurs années, voire de plus en plus pertinente. En revanche le mot de “creative” me semblait de plus en plus erroné. Un jour j’ai lu “Et si on libérait notre imagination pour créer le futur que nous voulons” de Rob Hopkins. En voici un passage ci-dessous. Cela a achevé de me faire changer d’avis - en sachant pourquoi le mot de créativité n’exprimait plus mes activités.
“La créativité prend l'imagination et lui donne forme, la transforme en quelque chose de tangible, mais apporte avec elle certaines contraintes. Comme l'écrit Oli Mould, chercheur au Royal Holloway (University of London), dans son livre Against Creativity, "le récit dominant autour de la créativité se résume à la reproduction des mêmes choses. Le capitalisme contemporain a réquisitionné la créativité en vue d'assurer sa propre croissance et de maintenir la centralisation et la monétisation de ce qu'elle génère".
Ursula Le Guin parle de ce phénomène en termes similaires: "Sur le marché, le mot créativité désigne aujourd'hui la production d'idées applicables à des stratégies pratiques en vue de générer des bénéfices plus importants. Cette restriction sémantique est si avancée que le mot créatif pourrait difficilement être davantage dégradé. Je ne l'utilise plus je l'ai abandonné aux mains des capitalistes et des universitaires pour qu'ils en abusent à leur gré. Mais ils n'auront pas le mot imagination." De cette dégradation, on passe aisément à l'innovation, qui consiste à faire de l'imagination et de la créativité des produits qui peuvent être commercialisés, brevetés et déposés.
Source de la citation d'Ursula Le Guin - le mode d'emploi dans The Wave in the Mind Conversations et essais sur l'écrivain le lecteur et l'imagination. Shambhala, 2004, p. 207.